-Vous n'avez pas imprimé votre billet?
Non! Dans un monde ultra-virtuel, dans lequel mon téléphone portable peut même payer pour moi, je n'ai pas estimé nécessaire de gaspiller une feuille de papier pour pouvoir embarquer dans une compagnie ultra-low-cost qui pollue déjà la planète avec ses appareils surchargés.
-Non, d'ailleurs après un an de voyage, c'est la première fois qu'on me le demande!
-Très bien, donc je vous laisse vous rendre au guichet à l'autre bout du terminal afin de payer les 40* euros que nous taxons pour votre enregistrement et l'impression de la carte d'embarquement…
Sonnée, je regarde par-dessus mon épaule et je repère au loin en plissant les yeux un stand dernière lequel un “hôte de terre” pianote nonchalamment sur l'écran de son téléphone portable.
-Et je dois me retaper toute la queue d'environ 50 personnes?!
-Oui… Et d'ailleurs, vous n'avez pas de bagage inclus dans votre ticket, donc il vous faudra également l'enregistrer et payer au même guichet.
La mâchoire manque de me tomber. J'étais pourtant sûre d'avoir cliquer sur le bagage en soute parmi les 15 mille étapes qui précèdent l'achat du billet.
-Et combien va me coûter le luxe d'avoir un bagage enregistré?
-40* euros…
Je titube. Cette jeune femme au chignon parfaitement tiré, au sourire totalement niais et à la voix de crécelle va me faire payer plus du prix d'achat de mon billet d'avion pour une pauvre valise et une feuille de papier pas imprimée?!
Je bouillonne et me retiens de lui passer l'envie de me sourire faussement. Après l'avoir fusillé du regard comme il se doit, j'empoigne ma valise et me dirige excédée vers ma ruine.
La lenteur de l'employé que je viens de tirer d'un check approfondi du profil de son nouvel ami Facebook finit de m'achever.
Je puise dans le cash de mon budget vacances jurant par tous les Saints que je ne prendrais plus jamais de compagnie low-cost!
Une fois arrivée à la sécurité, je scrute avec impatience l'espace béni du duty-free et des cafés hors de prix qui est surtout synonyme, en général, de la fin des problèmes et le début de la détente.
Mon bagage à main s'engage dans la mauvaise rangée, celle qui signifie qu'on va passer à la casserole…
-C'est trop grand ça et c'est considéré comme trop liquide.
-Mon pot de pâte à tartiner scellé?! Mais c'est un cadeau!
Je résiste à l'envie de lui arracher le pot des mains d'y plonger un doigt et de goûter cette satanée pâte à tartiner artisanale qui m'a coûté un bras. Je voudrai également lui hurler au visage qu'il me laisse ramener un coupe-ongle et de la vaseline (qui n'est quand même pas si loin de la consistance de cette crème au chocolat), mais pas un produit phare de son pays alors qu'il devrait être fier que je veuille bien l'exporter!
Je pique un sprint pour débouler devant la porte d'embarquement en sueur. J'arrive juste à temps pour entendre l'hôtesse de terre me demander de mettre mon bagage à main en soute parce qu'ils ne sont pas foutu de prévoir assez d'espaces dans ces boîtes à sardine… Et cette fois, c'est gratuit!
Enfin bref, j'ai pris un vol avec une compagnie low-cost.
Une fausse économie d'argent pour une vraie crise de nerfs!
*Les montants sont indicatifs.
-_-
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